Mon couple, la pma et moi.
Ou
La pma, mon couple et moi.
Un billet « 3615 ma vie », parce que ce blog me sert à ça. A mettre en mots les questions qui me tracassent. Une fois les choses posées, j’arrive (parfois) à y voir plus clair.
La semaine a été particulièrement difficile. Et le début de week-end aussi, les mauvaises nouvelles pleuvent sur les blogs et même sur facebook. Je pense très fort à vous les filles.
Mercredi soir, avec MonsieurCaillou nous avons eu une conversation sur « la suite ». Une conversation qui a pris une tournure très particulière pour se terminer en vrai dispute avec portes qui claquent (moi) et cigarette fumée dans la cuisine (lui). MonsieurCaillou n’est pas toujours très fort avec les mots. Sa force à lui, c’est d’être présent quand il le faut. MonsieurCaillou fera un ex exceptionnel, je le sais en le regardant gérer sa relation avec son ex-femme. Toutefois, il n’est pas encore mon ex et entre deux présences, il nous faut quand même avoir des échanges verbaux pour vérifier notre accord (ou pas) sur différents points. MonsieurCaillou est d’accord pour laisser passer un cycle, histoire de réfléchir. Cependant, lui, il a déjà pris sa décision, en pma il ira. Alors que moi, je ne suis sûre de rien. Et je n’ai pas envie de céder à son envie seulement pour lui faire plaisir. Je veux être en accord avec moi-même pour n’avoir rien à lui reprocher un jour. Il me faut encore du temps. Enfin, bref, les choses en entraînant d’autres, notre conversation qui avait si bien commencé a fini très mal.
Plus tard, une phrase lue dans le célèbre Guide de survie... a fait écho en moi. En gros, la pma fout le bazar dans la vie de couples, beaucoup de couples se séparent à cause de ça, souvent parce que l’équilibre n’était pas bon depuis le début. Avec ou sans la pma, la rupture aurait eu lieu et la pma aurait juste accéléré les choses. J’ai trouvé ça dur, car finalement toutes les épreuves ont ce même impact sur les couples (deuil, chômage). Toutefois, la pma touche à l’intime, à l’indicible (le désir de parentalité), à l’histoire de chacun. La pma fout le bazar dans mon couple mais aussi dans ma vie en général. Je me tiens à l’écart de certaines relations amicales, j’ai même renoncé à certaines amitiés, mon activité professionnelle subit aussi mes coups de blues et mon bien-être général est affecté. J'ai peur. Pour mon couple et pour moi. Je ne sais pas comment nous allons traverser cette affaire et comment nous allons nous en sortir. Et si nous allons nous en sortir.
Mais hier soir, j’ai découvert finalement qu’il y avait pire (ou presque) que la pma pour mettre le bazar dans un couple…il y a tout bonnement le fait d’avoir un enfant.
MonsieurCaillou a une fausse demi-sœur, appelons-la Aglaé, âgée de 30 ans tout pile. L’année dernière, à peine avait-elle fait pipi positif qu’elle nous annonçait la bonne nouvelle. J’avais arrêté la pilule depuis 15 jours, mais nous avons bien gardé ça pour nous. J’ai suivi sa grossesse de très loin, souvent amusée par certaines de ses réflexions et remarques (en gros, elle avait très très très peur de ne pas tomber enceinte, mais je vous le donne dans le mille…C1 et oui c’est la vie) et surtout par celles de son ami et futur père de l’enfant. En gros, il en parlait comme si ils allaient adopté un chat et que « c’était trop super, Aglaé va s’occuper de tout ». Aglaé s’est tellement occupé de tout qu’elle a même accouché toute seule. Bah, oui, à la maternité, le docteur a dit : « premier accouchement, ça peut prendre du temps MadameAglaé ». Du coup, MonsieurAglaé en a profité pour aller dîner avec un ami. Avant le plat principal, l’enfant était né et lui n’était pas là. Lorsque l’enfant nous a été présenté et l’anecdote racontée, en mai alors que nous apprenions tous les 15 jours une mauvaise nouvelle quant à notre infertilité, j’ai regardé MonsieurCaillou bien dans les yeux. Et on a bien convenu, par un simple regard, que jamais, oh grand jamais, il n’ira plus loin que le bureau d’admission de la maternité si j’étais en train d’accoucher. Ensuite, Aglaé est partie tout l’été avec son bébé sous le bras chez sa mère pour profiter de la maison, de la piscine et du confort d’avoir une mère disponible pour l’aider. MonsieurAglaé est resté sur Paris et a vu son fils, une fois tous les 15 jours (là aussi, tu te dis, « hein ???? », oui, moi aussi).
Hier soir, nous dinions avec mes beaux-parents et Aglaé. Il était convenu depuis plus de trois semaines que MonsieurAglaé gardait bébé. Les choses avaient l’air simple. Madame sortait, Monsieur gérait. En réalité, Monsieur n’a rien géré du tout. Il a harcelé au téléphone et par sms la pauvre Aglaé qui, à peine son entrée terminée, a filé chez eux. Et là, on a découvert qu’entre Aglaé et Monsieur, c’était la débandade. Elle a tellement cherché à assurer qu’elle a fini par faire un enfant toute seule, vraiment toute seule. Le père n’est pas capable (ne veut pas ?) de rester une heure en tête-à-tête avec son fils. Il ne gère aucun aspect de la vie de son fils. En fait, hier soir, c’était la première sortie (avec ses parents) d’Aglaé depuis le début du mois de mai. Aglaé craque. Elle craque tellement qu’elle va reprendre le travail en octobre au lieu de mars de l’année prochaine. J’ai beaucoup de peine pour Aglaé. Quand je me rappelle qu’à la naissance, le père n’a cessé de nous répéter « qu’après 10 ans de relation, ils avaient réussi ce miracle alors que personne ne croyait à l’histoire »…et moi je pensais : « le miracle, c’est de ne pas se séparer après la naissance, comme dans 25% des cas ». Je ne pensais pas si bien dire même si je n’espère pas qu’ils se séparent mais leur couple est autant en péril que le notre finalement, même si nous sommes chacun d’un côté du miroir.
10 ans de relation ou une année d’infertilité, finalement, devant un bouleversement (un enfant/la pma), les couples vacillent….et s’accrochent.